Contentieux « Nitrates » « Décisions non concertées, inadaptées et inadmissibles », pour Jean-Marie Gabillaud, président de Coop de France Ouest
Le président de Coop de France Ouest s’est déclaré « choqué que des décisions aussi fortes soient prises sans concertation par des organismes avec qui nous discutons pourtant régulièrement ». « C’est d’autant plus perturbant », commente Jean-Marie Gabillaud parce que, « en Bretagne, il existe des actions concertées qui marchent ».
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Coop de France Ouest, la structure syndicale pilotée par les coopératives agricoles et agroalimentaire du grand Ouest s’oppose aux décisions annoncées par le préfet de Bretagne. « Décisions non concertées, inadaptées et inadmissibles », souligne Jean-Marie Gabillaud, président de Coop de France Ouest. Les acteurs qui travaillent ensemble pour améliorer les choses n’ont pas été consultés et pourtant, complète Jacques Mathieu, directeur de Coop de France, l’effet de l’évolution des techniques de fertilisation en Bretagne est bien réel. « La concentration annuelle des nitrates dans les eaux était sur une tendance haussière jusqu’en 1993 », explique Jacques Mathieu. « Cette tendance s’est inversée. La concentration a cessé d’augmenter. Elle a même baissé ». En moyenne elle se situait à 27,9 mg/l fin 2005. Soit une baisse de 10 mg/l de la teneur en nitrates des eaux brutes bretonnes en moins de 15 ans.
En Bretagne, « Quand on touche à l’agriculture, on touche à l’emploi », complète Jean-Marie Gabillaud (au centre) qui prône une vision agricole et agro-alimentaire régionale, économique et rentable, responsable vis à vis de l’environnement. Coop de France Ouest demande une renégociation de ces mesures pour qu’elles prennent en compte l’appréciation sociale et économique. De gauche à droite: Denis Manac'h, président adjoint, Jean-Marie Gabillaud, président et Jacques Mathieu, directeur (© Photo Béatrice Collleu - Web-agri) |
Les efforts se mesurent aussi selon les responsables de Coop de France sur les ventes d’azote minéral. Les chiffres de l’observatoire des ventes en Bretagne indiquent pour la campagne 1998/1999, des ventes d’azote minéral de l’ordre de 117.000 tonnes. Sur la campagne 2005/2006, ces ventes ses situent à 94.000 tonnes. Soit une diminution de près de 20% en 7ans.
Les coopératives bretonnes sont engagées dans des démarches volontaristes, partenariales – avec les Chambres d’agriculture, le négoce - et souvent sous l’égide de l’état, rappelle Jean-Marie Gabillaud. De même les agriculteurs ont investi dans les mises aux normes, les stations de traitement. Ils ont modifié leurs pratiques, leurs techniques de fertilisations.
Toutes ces actions ont des effets réels, insiste Coop de France puisque, de 110 bassins versants qui posaient problème, la région est passée à 36 puis à 9.
140 unités d'azote ? et pourquoi pas 130 ou 150 ?
Infliger des mesures supplémentaires est, affirme Jean-Marie Gabillaud, une façon de nier toutes les actions engagées en concertation. Et d’expliquer « nous sommes conscients qu’il est nécessaire de progresser sur l’environnement en Bretagne et de travailler sur les bassins versants en contentieux ». Cependant, les mesures imposées récemment sont non seulement « inadmissibles » pour Coop de France mais surtout « inadaptées ». Elles ne reposent sur aucun fondement agronomique, explique Coop de France Ouest qui rappelle qu’une prairie consomme 200 à 250 unités d’azote. Et que pour produire 80 quintaux de blé, 180 unités d’azote sont nécessaires. La directive Nitrates autorisait jusqu’à présent 210 unités d’azote dont 170 d’origine organique. En imposant 140 unités d’azote à l’hectare – organique et minéral – on diminue de 1/3 la disponibilité pour les plantes dans un contexte déjà restrictif. « La logique « plan de fumure » ou « couvert végétal » a fait diminuer les reliquats azotés dans les sols », explique Denis Manac’h, président adjoint de Coop de France Ouest pour qui des apports sont nécessaires afin d’assurer des rendements économiquement acceptables. Des apports que la plante valorise.
Les responsables de Coop de France ne comprennent pas cette mesure : « 140 unités ? et pourquoi pas 130 ou 150 ? ». Ils la refusent. « D’autant que nous serions les seuls en Europe », complète Jean-Marie Gabillaud. Là ou d’autres pays ont obtenu des délais de Bruxelles, les efforts engagés en Bretagne et les résultats obtenus sont niés. « Nous avons le sentiment d’être sacrifié », renchérit Denis Manac’h.
Quand à la mesure qui impose une réduction du cheptel, elle n’est pas crédible pour Jean-Marie Gabillaud : « Elle ne mérite même pas le nom de "mesure’"». Le président de Coop de France Ouest peut concevoir d’envisager des aides à la cessation pour accompagner des éleveurs en difficulté, « mais imposer pour tous une réduction de cheptel, n’est pas possible ».
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